La BCE monétise déjà la dette, mais il ne faut pas le dire

Selon une fiction savamment entretenue, l’interdiction du financement des États par la BCE est respectée. En réalité, celle-ci contourne allègrement la difficulté en achetant la dette souveraine sur le second marché auprès des banques et des investisseurs, qui ne la détiennent que brièvement dans ce cas. Mais la banque a d’autres ressources, il lui suffit de modifier les règles qu’elle s’est elle-même donnée.

Leur plus petit commun compromis

Sur quoi les dirigeants européens vont-ils parvenir à se mettre d’accord jeudi lors de leur sommet ? C’est bien parti pour qu’ils se limitent à énoncer les très grandes lignes d’un projet dont ils vont renvoyer la définition des modalités à la Commission ! L’accent sera mis sur la solidarité, mais le plan reposera de fait sur chaque État et non pas sur l’émission d’euro-obligations, qui va passer à la trappe. La proposition espagnole d’émission d’obligations perpétuelles également. Il faut garder raison !

Les idées volent quand la dette s’envole

Le démarrage du déconfinement est pour demain, advienne que pourra ! Les uns après les autres, les gouvernements européens arbitrent en faveur de la reprise de l’économie en faisant un gigantesque pari. Les modalités de la levée des contraintes font l’objet de tâtonnements, mais la décision est prise et fait boule de neige. Ce qui les conduit à discuter dès maintenant du coup d’après, du sort qui va être réservé aux nouvelles dettes contractées et du financement de la relance.

Une course de vitesse qui va faire des dégâts

L’ampleur de la récession qui se creuse et des réponses budgétaires qui enflent ont de quoi impressionner. Le ballet des montants qui circulent ne cesse de s’accélérer. Les finances publiques sont durement sollicitées alors que les recettes fiscales diminuent. De quoi être étourdi et oublier l’essentiel, qui va payer l’addition va être la grande question ! Si dans un premier temps l’accent est mis sur l’effort qui va devoir être fourni, on pressent que par la suite le renforcement de l’austérité l’accompagnera. En attendant une course de vitesse est engagée entre la relance et la ponction sur les finances.

Une stratégie de déconfinement et de relance de longue haleine

Les arbitrages se succèdent, mais pas dans une clarté aveuglante. Hier il fallait choisir entre la protection sanitaire et celle de l’économie. Devant l’ampleur de l’effondrement économique, un autre choix se présente aujourd’hui entre le déconfinement progressif et la relance ciblée. Les réponses sont à nouveau disparates, mais leurs résultats ne sont pas assurés, quelle que soit la stratégie adoptée.